dimanche 19 décembre 2010

Cabeza de vaca


Film de Nicolas Echeverria, Mexique (1991)

"Cabeza de Vaca, présenté en compétition au festival de Berlin en 1991 et inédit pendant 20 ans en France. Nicolas Echeverria, documentariste mexicain passionné par les manifestations religieuses et les disciplines ésotériques, y organise sa version de la conquête de l'Amérique marquée par l'extinction d'une civilisation -les indigènes avec leurs secrets, leurs idiomes, leurs sortilèges, leurs savoirs- et la naissance du Nouveau Monde celui des conquistadors évangélistes en quête d'Eldorado. Ces deux visions spirituelles de la foi ébranlent toutes les certitudes du personnage principal, à la fois esclave et conquérant, dont le parcours chaotique est inspiré de celui du conquistador Alvar Nunez Cabeza de Vaca (1507-1559). Ce récit-monstre à l'essence chamanique s'illustre dans l'odyssée épique proche de "Aguirre, la colère de Dieu", de Werner Hergoz, 1972, avant de foncer tête baissée vers une fureur mystique et surnaturelle renvoyant au cinéma d'Alejandro Jodorowsky ("La montagne sacrée", 1973). Toutes ces références -imposantes- ne rendent cependant pas justice au travail démesuré de Nicolas Echeverria qui aurait préféré se couper un bras plutôt que d'abandonner ce projet hallucinant. L'énergie considérable qu'il a dû déployer envers et contre tous pendant des années confère une démence maladive des affects, une intensité et un sens supplémentaires aux images. (...) Outre l'atmosphère poétique, les couleurs de sorcier, l'intelligence de la mise en scène, l'autre force de "Cabeza de Vaca" reste la subversion de son discours. Plus tard, lorsque Cabeza de Vaca retrouve ses compagnons de route espagnols, également prisonniers d'une tribu indienne, ces derniers lui conseillent de ne rien révéler sur ce qui lui est arrivé, arguant qu'il est toujours préférable de modifier la réalité, en l'occurrence celle d'une conquête, pour en produire un mythe. La violence n'est pas seulement dans les actes, elle est aussi dans le silence et le mensonge. C'est l'un des enseignements les plus forts de cette merveille de cinéma primitif et viscéral." (R. Le Vern)

Séances au Diagonal, du 22 décembre au 11 janvier

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