mardi 17 novembre 2009

La religieuse portugaise


La religieuse Portugaise
Eugène Green
“A Religiosa Portuguesa”
Portugal, 2009, 2h04, avec Leonor Baldaque, Beatriz Batarda, Camané, Carloto Cotta, Diogo Dória, Aldina Duarte, Adrien Michaux, Ana Moreira, Francisco Mozos...

Dans la filiation de Robert Bresson ou d’Alain Cavalier, ce film, totalement original au demeurant, nous arrache immédiatement au temps ordinaire par un artifice qui pourrait être insupportable d’affectation, imposant aux acteurs un débit de paroles lent et presque hagard relevant d’une sorte de distanciation rituelle. Or ce parti pris s’inscrit le plus naturellement du monde dans la démarche du réalisateur, qui regarde et montre ses personnages comme des êtres uniques et beaux, engagés dans un conte existentiel mystérieux.
Le prétexte narratif est le tournage, à Lisbonne, d’une variation sur Les lettres portugaises, texte français du XVIIe siècle évoquant la passion charnelle d’un officier français et d’une nonne. Débarquant de Paris à Lisbonne, Julie, actrice française lusophone (Leonor Baldaque) retrouve son metteur en scène (incarné par Eugène Green lui-même) et l’acteur unique dont elle devient l’amante pour une nuit. Au fil de rencontres à la fois imprévisibles et comme écrites par la main du Destin (notamment un enfant abandonné et un aristocrate qu’elle sauve du suicide) la protagoniste, coutumière des passions malheureuses, approche de sa vérité au moment où elle rencontre «la» religieuse portugaise incarnée, qui passe toutes ses nuits à veiller. Rien pourtant d’un mysticisme conventionnel dans ce voyage au bout des apparences, qui n’a d’autre destination, à travers le lumineux labyrinthe de Lisbonne, que la vie, la présence à la vie, la révélation de la vie dans sa plénitude d’amour en toutes ses modulations.
Merveilleusement pictural et traversé par la mélancolie de la saudade du fado à l’état pur, ce film étrange et doux, lesté d’un humour un peu fou et d’une totale fermeté plastique, confirme le talent hors pair d’un réalisateur consacré dès son premier film, « Toutes les nuits », avec le Prix Delluc 1999.

Horaires disponibles sur le site du Diagonal http://www.cinediagonal.com/

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